Un bâtisseur opiniâtre
Julien Jean Marin Gosselin naît le 14 octobre 1843 à Vieux-Viel, près de Pleine-Fougères. Son père est tisserand. Sa sœur cadette, Jeanne Marie, entrera elle aussi dans les ordres sous le nom de Sœur Céline Marie, et sera supérieure des religieuses de l'Immaculée Conception, à Montgermont. À Corps-Nuds, où il est vicaire, Julien Gosselin côtoie Arthur Regnault, l'un des personnages marquants de l'architecture religieuse en Ille-et-Vilaine. Cet architecte, fils d'un médecin de Bain-de-Bretagne, se fait d'abord connaître par ses réalisations de style gothique et ses clochers bretons avant de s'attacher à la conception d'églises "orientalisantes". Celle de Corps-Nuds, construite de 1881 à 1890, en est le prototype. En octobre 1899, Julien Gosselin est nommé recteur de Saint-Erblon. Il succède à l'abbé Joseph Gicquel qui vient de décéder.
Le livre de paroisse de Saint-Erblon décrit l'abbé Gosselin comme un bâtisseur opiniâtre…
« Celui-ci, d'abord vicaire dans sa paroisse natale, puis à Corps-Nuds, avait un goût tout particulier pour la construction. À Corps-Nuds, il en a donné la preuve pendant toute la construction de la belle église de style byzantin que possède actuellement cette paroisse. À peine arrivé à Saint-Erblon, sa première préoccupation fut de savoir comment il pourrait parvenir à ériger au Dieu de l'Eucharistie un temple vraiment digne de lui. La partie ancienne de l'église menaçait ruine et celle qu'avait rebâtie M. Gicquel, notamment la tour, était loin de satisfaire le goût d'un architecte sérieux. M. l'abbé Gosselin fit démarche sur démarche à la préfecture, à l'archevêché. Tout fut inutile. Sa première tentative n'aboutit pas.
En 1905 survient la loi de séparation. Cette fois c'en est fait vraisemblablement, tout espoir semble perdu. Non, la loi de séparation elle-même n'arrêtera pas M. Gosselin. Il veut bâtir un temple au Seigneur, il le fera.
Des difficultés d'un nouveau genre, difficultés personnelles, nécessitant sa démission, il la donnera par obéissance. Il se retire à la mine de Pontpéan où il érige bientôt une chapelle. Mais il a toujours l'idée de bâtir une église et, grâce à sa ténacité et, disons-le, à son entêtement, lui à qui on a imposé sa démission, il finit par obtenir de Mgr Dubourg la permission de bâtir cette belle église... »
Ces derniers travaux sur l'église paroissiale de Saint-Erblon sont eux aussi réalisés à partir de plans d'Arthur Regnault, l'architecte que Julien Gosselin avait connu à Corps-Nuds.