(Antoine de Genssane — 1777)
Pierre Seyot (1876-1942), professeur à la Faculté de pharmacie de Nancy, raconte que quand il était étudiant à Rennes son professeur de botanique avait été appelé à la mine de Pont-Péan. Une vieille galerie y était devenue si lumineuse que l'on avait d'abord cru à un incendie. Mais la lumière était froide et l'incendie invraisemblable. On avait alors cherché l'origine du phénomène et on l'avait signalé à la Faculté des Sciences.
Des filaments d'un champignon, l'armillaire couleur de miel, s'étaient développés sur le boisage de la mine, en provoquant la pourriture. Ces filaments, appelés rhizomorphes, étaient probablement restés des années à l'état de vie ralentie. Puis, en présence de conditions favorables, leur formation était devenue si abondante qu'ils avaient envahi la galerie abandonnée. Or, quand la végétation de ces filaments devient très active, ils peuvent émettre une lumière verdâtre dans l'obscurité…
Ce n'était donc pas le bois lui-même, mais les filaments d'un champignon qui avaient produit cette étrange luminescence et provoqué une vive émotion à la mine de Pont-Péan.
Des champignons luminescents
L'esprit des Mines
"Ces lumières errantes se laissent souvent apercevoir dans les travaux souterrains des Mines, surtout dans celles où le minéral a beaucoup d'étendue. On les voit aller et venir dans les recoins des ouvrages ; on dirait, en les voyant d'un peu loin, que c'est un homme qui visite les travaux avec une lampe à la main. Les mineurs, plus superstitieux encore que les autres peuples, croient toujours voir ces lumières à la main d'un petit homme, dont ils dépeignent la figure, les yeux, la barbe, les habits de mineur, etc. On ne leur ôterait pas de la tête que c'est un esprit qui veille à la conservation des Mines. Les mineurs allemands l'appellent Berg-menle, ou Berg-geist, c'est à dire le Petit Mineur, ou l'esprit des Mines. Nos mineurs français lui donnent simplement le nom de Petit Mineur."
"Rien n'est plus amusant que les fables qu'ils débitent sur le compte de ce prétendu esprit. Il fait très souvent la matière de leurs conversations les plus sérieuses. C'est une règle parmi eux que, lorsqu'ils le voient, ils doivent se ranger tranquillement dans un coin et le laisser librement passer car, suivant eux, M. le Berg-geist ne badine pas. Il entend qu'on lui porte respect. Ils sont dans la ferme persuasion qu'il aime les mineurs habiles et qu'il hait les fainéants : persuasion qui pourrait bien leur avoir été inspirée par quelque habile Officier des Mines…"
(Antoine de Genssane - Histoire naturelle de la Province de Languedoc - 1777)
Des flammes sur la lande de Teslé
"C'est un fait constant qu'il s'élève continuellement des vapeurs sur les terres qui renferment des minéraux. Il arrive très souvent que lorsque les matinées sont fraîches et que le temps est tranquille, ces exhalaisons se condensent, au point qu'elles forment un brouillard sur la surface du terrain et y demeurent immobiles jusqu'au lever du soleil dont les rayons le dissipent en très peu de temps…"
"Les flammes qu'on voit sortir des Mines de plomb sont ordinairement bleues, semblables à celles du soufre : telles sont celles qu'on aperçoit si souvent dans les landes de Teslé, près la Mine de Pontpéan, en Bretagne et à la Mine de Saint-Bresson, en Franche-Comté…"
"Ces mêmes vapeurs se condensent souvent, au point qu'elles deviennent inflammables et s'enflamment réellement de plusieurs manières différentes. C'est de là que proviennent ces lumières errantes, qu'on voit promener la nuit sur la surface de la terre, ainsi que dans les travaux des Mines et qui ont donné lieu à mille contes populaires…"