Jean Pierre Cudennec  -  Pont-Péan au fil du temps  -  Tous droits réservés (site déposé auprès de Copyright France)
Dessin sur calque du projet.
Hippolyte Courtois
(1871-1914)
1920 - Un obélisque de granit dans le cimetière du bourg de Saint-Erblon
 
Le 8 août 1920, le conseil municipal, présidé par un nouveau maire, Aristide Legault, vote l'achat d'un monument à la mémoire des soldats de la commune morts à la guerre. Une concession perpétuelle à titre gratuit est accordée à cet effet, dans le cimetière. Les plans et le devis estimatif, d'un montant de 5.586,78 F, sont approuvés. Les frais sont en partie couverts par le produit d'une souscription publique qui s'élève à 1.184,50 F. Le monument, en granit breton, est commandé à un marbrier rennais, Victor Folliot.
La Grande Guerre devait être la "der des ders". Mais d'autres conflits ont suivi et le monument aux morts de la guerre 1914-1918 rend maintenant hommage aux morts de toutes les guerres du XXe siècle.
En mai 1920, une commission chargée d'examiner, d'un point de vue esthétique, les projets de monuments aux morts a été créée dans chaque département. En réalité, son objectif est surtout de veiller à l'application de l'article 28 de la loi de séparation des Églises et de l'État, qui interdit l'apposition de signes religieux "sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l'exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions".
 
La commission approuve sans difficulté le projet de Saint-Erblon : un obélisque sur piédestal, orné sur sa face principale d'une épée, d'un rameau et d'un ruban, avec pour dédicace "HONNEUR AUX BRAVES TOMBÉS POUR LA PATRIE". Et, sous une corniche, la croix de guerre, un second rameau et les dates 1914, 1918.
 
Est-ce alors pour s'approprier l'hommage rendu à ses soldats que la commune fait finalement graver une autre dédicace : "ST ERBLON - HONNEUR À NOS ENFANTS MORTS POUR LA FRANCE" ? Elle fait aussi encadrer l'épée par un symbole religieux, la croix latine, sans toutefois contrevenir aux dispositions légales. En effet, le ministre de l'Instruction publique, André Honorat, venait de préciser dans sa réponse à une question écrite du député Ernest Lamy : "En ce qui concerne les monuments placés dans un cimetière, qui sont assimilables à des monuments funéraires, liberté entière doit être laissée aux municipalités pour l'ornementation ou les attributs dont elles voudront les revêtir ; quant aux monuments érigés sur la voie publique, ils ne doivent, d'après la loi, comporter aucun emblème religieux". Le commentaire du ministre avait été publié au Journal Officiel du 19 juin 1920.
 
Le monument est inauguré le 12 septembre 1920, après une cérémonie religieuse suivie d'une procession solennelle dans les rues du bourg. Hommages de l'Église et de l'État, deux discours sont prononcés au pied du monument, l'un par l'abbé Aubet, l'autre par le conseiller général Jean-Marie Maugère, républicain de gauche. Depuis la fête des Poilus de 1919, la liste des morts à la guerre 1914-1918 s'est encore alourdie et neuf autres noms ont été gravés dans le granit du monument commémoratif :
 
J. BARBE  -  C. BOSSARD  -  I. COQUEUX  -  H. COURTOIS  -  J.M. HARDY
Ct. MEILLEUR  - A. OLLIVAULT  - L. SAUVAGET  -  J.L. TABARIN
 

Au regard des 1.311 habitants recensés en 1911, la Grande Guerre a donc fait perdre à la commune de Saint-Erblon environ 5 % de sa population… un habitant sur vingt.
1986 et 2000 - Les supports commémoratifs de Pont-Péan
 

En 1986, quand Pont-Péan devient commune, des plaques commémoratives sont apposées contre un mur de son cimetière. Puis, en l'an 2000, un "monument du souvenir" est érigé au cœur historique du village minier.

Le monument aux morts de Saint-Erblon