Jean François Gicquel
(Photo transmise par Alain Jéhan)
Les actions sont signées par deux nouveaux administrateurs :
M. Larcher, ex-pharmacien, propriétaire à Rennes
et M. Vittu, ingénieur des tramways départementaux à Rennes.
Au début du XIXe siècle, le minerai de plomb produit en France provient de trois mines : Pontgibaud, dans le Puy-de-Dôme, Poullaouen, dans le Finistère, et Vialas, en Lozère. Ces mines sont peu à peu supplantées par celle de Pont-Péan, qui fournit en 1897 les quatre cinquièmes de la production nationale et emploie un millier de personnes.
Les actions d'octobre 1903.
"Hier [28 octobre 1903] avait lieu à deux heures de l'après-midi, à la Bourse du Commerce, l'assemblée de clôture des opérations de la liquidation des mines de Pontpéan…
Dans cette réunion l'assemblée a voté les résolutions suivantes :
1° Modification des statuts élaborés par la commission nommée lors de l'assemblée générale extraordinaire qui eut lieu le 17 septembre dernier.
2° Après vérification, l'assemblée a reconnu la sincérité des déclarations faites par le conseil d'administration pour l'augmentation du capital prévu. De ce vote, il résulte que le capital des actions de Pontpéan est actuellement de deux millions cinq cent mille francs, dont onze cent mille francs disponibles pour la mise en état de la mine et l'exécution des grands travaux…"
L'Ouest-Éclair — 29 octobre 1903
La faillite du banquier de la mine
Le banquier de la Société des Mines de Pontpéan, Jean François Gicquel, est aussi le président de son conseil d'administration, son créancier et l'un de ses principaux actionnaires. Le 28 mars 1903, la banque Gicquel, qui accuse un déficit de l'ordre du million de francs, est mise en liquidation judiciaire. Trois jours plus tard, après avoir constaté des faits répréhensibles dans les opérations de la banque, le tribunal de commerce de Rennes convertit la liquidation judiciaire en faillite. Des plaintes ayant été déposées par des tiers lésés, le parquet ordonne l'arrestation de Jean François Gicquel. Écroué le 1er avril, il comparaîtra en correctionnelle le 9 juillet. Il sera alors condamné à un an de prison ferme pour détournement de fonds et abus de confiance.
La Société des Mines de Pontpéan subit immédiatement le contre-coup de la faillite. Manquant de l'argent nécessaire pour faire face aux échéances, elle doit, elle aussi, déposer son bilan. Le 6 avril, elle est mise en liquidation judiciaire. L'exploitation continue sous le contrôle d'un liquidateur, Auguste Lecocq.
Le bilan qui est alors dressé à Pont-Péan révèle une gestion "désordonnée" au cours des dernières années. D'importants remboursements d'actions ont affecté la trésorerie. De plus, la fonderie établie en 1899 n'a jamais fonctionné correctement et ne fonctionne même plus depuis la fin de 1901. La liquidation se termine le 28 octobre 1903 par la reprise de l'activité avec une société reconstituée. Mais ce n'est qu'un sursis…
La mine de Pont-Péan au début du XXe siècle.
Les installations de surface sont groupées autour du plus profond des puits de l'exploitation : le puits de la République.
"Au loin, les hautes cheminées de la mine lancent des torrents de fumée. On entend le bruit des machines et des wagonnets glissant sur leurs rails. Et l'angoisse vous étreint à la pensée que cette vie des machines, qui correspond à la vie du cœur de tant d'hommes, pourrait tout d'un coup s'arrêter…"
L'Ouest-Éclair — 8 avril 1903
La production est en forte hausse à partir de 1877, quand une nouvelle machine d'extraction est mise en service. La progression se poursuit après 1881, pendant toute la période où Charles Eloy dirige la Société Anonyme Commerciale des Mines Argentifères de Pontpéan. L'arrivée de Léon Maudet à la direction, en 1890, se traduit par un nouveau bond, avec un creux en 1896, année de la plus grande grève survenue à la mine. C'est aussi l'époque où les parlementaires refusent de relever les droits d'entrée sur le minerai importé, favorisant ainsi, au détriment de la production et de l'emploi du pays, les intérêts des Rothschild qui ont investi dans les mines de plomb d'Espagne. Une chute brutale s'amorce en 1898, après le départ de Léon Maudet.
Les directeurs et la production de minerai marchand à Pont-Péan,
de 1844 à 1904.
(d'après les données du rapport de Moussu et Prouhet - BRGGM - 1957)
Une chute brutale après des records de production