En 1717, bien que la Cour ait interdit aux propriétaires de péages et de passages d'exiger de plus grands droits que ceux qui avaient été prévus, le procureur général du roi constate des abus au passage du Pont Pean où l'on perçoit un denier au lieu d'un demi.
Un passage extrêmement délabré, faute d'entretien
Un siècle après les pérégrinations d'Arnold von Harff, "le passage du Pont Pean, sur le grand chemin conduisant de Rennes à Nantes, est du tout ruiné et dépavé, de sorte que l'on n'y peut aucunement passer ni à pied ni à cheval". François Miron, Trésorier de France et Général des Finances en Bretagne, doit alors ordonner au Sénéchal de Rennes, Jean Bonnier, de faire "paver la chaussée dudit Pont Pean".
Le duc d'Aiguillon
(1720-1788)
Emmanuel-Armand de Vignerot du Plessis de Richelieu, arrière-petit-neveu du cardinal de Richelieu.
Le pont d'Aiguillon, ouvrage "partie en pierre de taille, partie en moellon piqué", est réparé dans les dernières années du XVIIIe siècle (échelle en mètres).
Un très vieux lieu de passage… Sainte-Pompe ?
Pour les voyageurs circulant entre Rennes et Nantes, Pont-Péan est un vieux lieu de passage. À l’époque gauloise, un chemin franchissait la Seiche à l’est du lieu-dit La Planche. Une voie romaine, dont le tracé reste incertain, aurait ensuite traversé la rivière à l'emplacement du pont actuel selon l'archiviste Léon Maître (1840-1926), en aval selon l’érudit Louis Bizeul (1785-1861), en amont selon l'historien Paul Banéat (1856-1942).
Le journal de voyage du chevalier Arnold von Harff
En 1496, à la fin du Moyen Âge, le chevalier allemand Arnold von Harff part de Cologne pour un pélerinage en Europe et dans l’Empire ottoman. Son voyage dure trois ans, pendant lesquels il tient un journal où il note son itinéraire ainsi que ses observations sur les mœurs et les langues des pays visités.
En 1499, sur le chemin du retour, il traverse le duché de Bretagne pour se rendre de Saint-Jacques-de-Compostelle au Mont-Saint-Michel. Après un séjour à Nantes, où il découvre la langue bretonne, Arnold von Harff repart en direction de Rennes. Dans sa description de l’itinéraire, il indique qu'après Bain (Bayn) la route passe par Poligné (Poline) puis par Pont-Péan, qu'il dénomme Sainte-Pompe (sent Pompe). Il y mentionne l'existence d'un hameau à deux lieues de Rennes (Renis). Sainte-Pompe… un nom qui figurera aussi sur une carte de Mercator de 1585.
1708 : Un pont de pierre
"Plan, profil et élévation de deux nouvelles arches à faire au travers de la chaussée du pont pean, de neuf pieds de diamètre chacune [2,92 m] et huit pieds de haut [2,60 m].
• La couleur rouge marque les anciennes arches.
• La couleur jaune marque ce qui est à faire.
Fait à Rennes le 5 avril 1708."
Dressé par Charles Thevenon, ingénieur du roi.
1769 : Le redressement de la Seiche
La route royale est accolée à la Seiche sur environ cent cinquante mètres, en amont du pont d'Aiguillon. Elle est rapidement endommagée par la poussée des eaux. Pour prévenir une dégradation totale de la chaussée, il faut ouvrir un canal afin de diriger les eaux de la rivière "sous le pont pean", en écartant son lit de la route. Trois projets sont proposés. Celui de l'ingénieur Marc Simon est retenu. Il est approuvé le 13 août 1769 par le duc de Durac, commandant en chef de la province, et le duc d'Agay, intendant. Le projet prévoit aussi la construction d'un perré, revêtement en pierres protégeant la rive aux abords du pont.
1762 : Le pont d'Aiguillon
En 1753, Louis XV nomme le duc d'Aiguillon commandant en chef de la province de Bretagne. Le réseau routier, alors mal entetenu, ne permet pas le déplacement rapide des troupes vers les côtes, où les Anglais menacent de débarquer.
Dans un but stratégique, le duc d'Aiguillon entreprend donc l'amélioration immédiate de ce réseau. Avec l'intendant, Charles-François-Xavier Le Bret, et l'ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, Daniel Chocat de Grandmaison, il élabore un grand programme de développement des axes de communication. L'une des routes royales passe par le village de Pont-Péan où un nouveau pont, à une seule arche de plein cintre, est construit sur la Seiche. Une de ses clefs de voûte porte les armes du duc et une date, 1762.
1990 : Vingt mille véhicules par jour
Au XIXe siècle, la grande route reliant Saint-Malo à Bordeaux devient successivement route impériale n° 157, route royale puis route nationale n° 137. C'est, en France, une des rares grandes voies anciennes orientées perpendiculairement aux axes qui rayonnent depuis Paris. À partir de 1930, avec l'essor de l'automobile et des transports routiers, la circulation s'intensifie régulièrement, jusqu'à l'engorgement. En 1990, l'ouverture d'une quatre voies déleste alors le vieux pont d'Aiguillon qui était franchi chaque jour par près de vingt mille véhicules.
Le choix d'un itinéraire dépend de l'état des chemins, qui change avec les saisons.
En 1636, au village de Pontpéan, une rivière noire, profonde et poissonneuse coule sous un pont de bois.
1636 : Un pont de bois
François-Nicolas Baudot, seigneur du Buisson et d'Ambenay, est gentilhomme d'escorte de Jean d'Estampes, commissaire particulier du Roi. En septembre 1636, il l'accompagne en Bretagne et note toutes les particularités du voyage, qu'il publie sous le nom de Dubuisson-Aubenay dans un ouvrage intitulé Itinéraire de Bretagne en 1636. François-Nicolas Baudot et Jean d'Estampes partent de Candé, en Anjou, et entrent en Bretagne par Châteaubriant. Leur première étape les conduit à Rennes, en passant par "Pontpéan" où ils franchissent la Seiche sur un pont de bois.