De possibles mesures préventives
Françoise Deligne conclut que la mine constitue un danger potentiel, "en dépit de l'absence de risque d'intoxication pour le bétail dans les conditions habituelles de son alimentation". Pour écarter la possibilté d'une absorption de nourriture contaminée, elle préconise quelques mesures préventives :
• Clôturer la mine, pour en interdire l'accès au bétail égaré.
• La recouvrir de terre non contaminée, pour empêcher la dispersion des poussières.
• Ne pas utiliser de matériaux provenant de la mine pour effectuer des travaux accessibles aux animaux.
• En cas de dépôt de boues de la mine sur les champs à la suite d'une inondation, attendre l'élimination
complète de ces boues par les pluies avant d'y conduire le bétail.
L'étude du mode d'alimentation de l'ensemble des bovins du secteur va révéler la cause des cas de saturnisme. À la Grande Bétuaudais, les taurillons élevés en stabulation n'ont jamais présenté de symptômes d'intoxication. Ils n'ont pas accès au sol et leur alimentation est récoltée au printemps et à l'automne, deux saisons où les pluies entraînent les poussières accumulées sur les végétaux. À la Métairie de la Clôture, les vaches laitières sont menées à la pâture et ont donc accès au sol. Par temps sec, les poussières de la mine viennent s'y déposer, portées par le vent. Elles sont alors ingurgitées par les bovins. Toutefois, dans les circonstances ordinaires, les quantités absorbées sont insuffisantes pour provoquer une intoxication. Les analyses indiquent que le lait n'est pas contaminé et que la viande peut même être consommée sans risque.
Les analyses montrent que la zone inculte de la mine est très fortement contaminée, en particulier au niveau des bassins de décantation où le sol contient par endroits près de 5 % de plomb.
Les teneurs en plomb des terrains cultivés aux alentours sont nettement supérieures à la moyenne de 17 mg/kg d'un sol non contaminé (ces teneurs ne doivent toutefois être considérées comme anormales que quand elles dépassent 110 mg/kg, seuil qui sera retenu par le BRGM dans le rapport RP-52881-FR de juin 2004).
L'eau du puits utilisé pour abreuver les vaches laitières de la Métairie de la Clôture présente une concentration en plomb près de quatre fois supérieure à la norme européenne de potabilité admise à cette époque. Mais la valeur la plus élevée, vingt-six fois supérieure à cette norme de potabilité, est obtenue dans l'eau provenant d'une flaque de la mine.
Pourtant les végétaux ne semblent pas s'être chargés en plomb dont la teneur reste faible dans tous les échantillons analysés.
Les échantillons de sol sont analysés par
l'INRA d'Arras.
Des animaux malades du plomb
Des cas de saturnisme bovin
En 1981, à la Métairie de la Clôture, le diagnostic d'intoxication de bovins par le plomb est posé à deux reprises, avec une quasi-certitude. Au mois de janvier, c'est une vache laitière qui doit être abattue d'urgence. En décembre, c'est un veau qui meurt à trois jours. Bien que les résultats des analyses effectuées sur sa mère soient normaux, les teneurs en plomb du foie et des reins du veau sont anormalement élevées.
Françoise Deligne, une étudiante de l'École vétérinaire de Nantes, vient alors à Pont-Péan mener une enquête qu'elle présentera en 1984 dans sa thèse de doctorat. On lui raconte que dans les années cinquante, suite à l'inondation de pâtures par des eaux et des boues venant du terrain de la mine, des troupeaux auraient subi de lourdes pertes. On lui raconte aussi que, mises en liberté, des volailles élevées près de la mine auraient présenté des troubles avant de mourir une dizaine de jours plus tard. On lui raconte enfin que des chiens et surtout des chats seraient morts après avoir bu l'eau des flaques sur le terrain de la mine.
Le 31 mai 1983, Françoise Deligne effectue une série de prélèvements d'eau, de sol (à une profondeur de 20 cm) et de végétaux afin de déterminer leur teneur en plomb.