Thérèse (1924-2008) et Ninette (1923-2011)
en 1944.
L'usine de la Compagnie des Mines de l’Ouest
En 1933, Émile-Albert Marion avait acquis aux enchères publiques la concession des mines de Pont-Péan. Un décret du 11 août 1935 avait ensuite autorisé la mutation de la concession au profit de sa société, la Compagnie des Mines de l’Ouest. Cette année-là, Émile-Albert Marion, adepte de la radiesthésie comme procédé de prospection, avait fait une demande d'autorisation de recherches près de la métairie de La Chaussée (en face du Bois-Esnault). Cependant, il ne semble pas que des recherches aient été entreprises.
Quand la guerre éclate, aucun essai d'exploitation du sous-sol n’a été tenté mais un atelier de traitement des schlamms, provenant de la mine de Poullaouen, fonctionne depuis 1937. L'usine, dirigée par Marcel Moroge, permet d’obtenir des concentrés de galène. Finement broyé, le minerai est immergé et agité dans des bacs contenant de l'eau, des xanthates et de l'huile de pin. Les xanthates amènent les particules métalliques à se fixer à des bulles d'air qui montent à la surface où elles se maintiennent grâce à la formation d'une mousse, provoquée par l'huile de pin. Le minerai flotte, tandis que la gangue coule. Cette méthode de séparation, mise au point après la première guerre mondiale, est appelée la "flottation".
Au début de l’année 1940, un plan national de répartition des minerais assigne à l'usine des objectifs de production mensuelle. Les concentrés de galène sont destinés à la Fonderie de Noyelles-Godault, dans le Pas-de-Calais.
L’usine de flottation de Pont-Péan va fonctionner jusqu’au mois d’août 1941.
L'entrée du parc de la Clôture en 1940.
Face à l'entrée du parc, à gauche, la maison habitée par Francis Vaillant et sa famille.
Au centre de la photo, une construction toute en longueur dont une partie est louée à Marcel Moroge.
Mai 1940 : l'afflux des réfugiés
Le 10 mai 1940, l'offensive allemande en Belgique et dans les Pays-Bas met fin à la drôle de guerre. C'est le début de l'exode civil et de la débâcle militaire. Femmes, enfants et personnes âgées fuient les zones menacées. Il faut loger et nourrir les réfugiés. Au mois de juin, près de cinq cents personnes ont trouvé refuge à Pont-Péan, faisant doubler la population. L'approvisionnement en eau potable devient problématique. Les puits des particuliers risquent d'être rapidement mis à sec. Face à cette situation critique, la municipalité de Saint-Erblon demande à la préfecture l'autorisation d'assurer par camions un service quotidien de distribution d'eau.
Les Anglais à la mine
Inauguré en 1933, l'aéroport de Saint-Jacques-de-la-Lande perd rapidement sa fonction commerciale pour devenir une grande base militaire à partir de 1938.
Au début de la seconde guerre mondiale, l'aéroport est utilisé par l'aviation britannique jusqu'à l'ordre d'évacuation du 9 juin 1940. Pour y effectuer des travaux de terrassement, les Anglais concluent un marché avec MM. Marion et Moroge, de la Compagnie des Mines de l'Ouest, et viennent enlever du sable à Pont-Péan.
Un commandant anglais loge à la Clôture.
31 mars 1940
Tu sais que les Anglais enlèvent avec des camions du sable à la butte ? Eh bien, ces messieurs ont trouvé trop fatigant de prendre le sable avec des pelles. Ils ont amené ce matin une grue sur chenillettes… un officier à moto les accompagne.
3 avril 1940
M. Moroge est venu demander à Mémé si elle avait des maisons à louer car il embauche des ouvriers. L’usine est mobilisée pour le nettoyage du plomb pour l’état. Alors il nous a dit qu’il avait vendu quinze mille mètres cubes de sable aux Anglais. Cela coûte cent mille francs.
Il y a une famille d’Espagnols qui a loué la maison à côté de chez Vaillant. Ce sont des rouges qui travaillent à l’usine et qui viennent d’un camp de concentration. Il y a le vieux monsieur, sa femme et leurs enfants : trois filles, une de 28 ans qui est mariée et a une petite fille de 3 ans, la deuxième fille, je ne sais pas son âge, la troisième a 15 ans. Il y a aussi leurs deux frères : un garçon de 14 ans qui a tiré à la mitrailleuse et un autre de 7 ans. La fille qui est mariée ne sait pas où est son mari. Il était à la prise de Madrid. On croit qu’il a dû être fusillé par les soldats de Franco.
1er avril 1940
Un commandant anglais, sir Harry Simon est venu trouver M. Moroge et M. Marion et ils se sont entendus ensemble. Résultat, nous devons loger le commandant. On lui a donné, pour lui et son ordonnance, la chambre qui donne sur le parc. Il est drôle. Si tu le voyais ! Il a des cheveux couleur de poivre, une petite moustache, il a bien quarante ans et des yeux bleus. Il est grand et maigre et se promène comme tous les officiers anglais avec son "stick". L’ordonnance a environ trente ans et a les cheveux noirs, les yeux noirs… Ils vont rester jusqu’à la fin de la guerre.
23 mars 1940
Il y a beaucoup d’Anglais à Bruz, deux mille je crois. Ils viennent tous les jours, à longueur de journée, prendre du sable à la butte. Cela me désespère. J’espère qu’ils ne l’enlèveront pas complètement. Comment pourrions-nous l’escalader quand elle ne sera plus là ?
Les lettres de Ninette
Septembre 1939. Ninette, l'aînée des petits-enfants de Georges Delambre, a quinze ans quand la France entre en guerre. Tout au long de la "drôle de guerre", puis de l'Occupation, elle correspond avec sa cousine Thérèse, réfugiée à La Flèche.
Jusqu'à la fin du conflit, Ninette rédige à la Clôture de longues lettres que Thérèse va conserver…