Du beurre comme antidote
En 1556, le beurre est préconisé comme remède contre le mal du plomb dans le De Re Metallica d'Agricola :
"Quand le contremaître a faim, il mange du beurre pour que le poison exhalé par le creuset ne puisse lui nuire, car c'est un remède spécial contre ce poison." (E)
(Georg Bauer, dit Agricola — De Re Metallica — 1556)
Deux siècles plus tard, dans l'Encyclopédie, le beurre est toujours prescrit comme antidote contre le saturnisme :
"Pour se garantir d’une maladie si terrible, il faut surtout que les ouvriers qui s’occupent de ces travaux dangereux s’abstiennent soigneusement de nourritures acides et vinaigrées, de salines, etc. ainsi que d’excès dans le vin et dans les liqueurs fortes. Il est à propos qu’ils ne travaillent jamais à jeun, qu’ils fassent usage de beurre, de laitage, et d’aliments gras."
• 29 février 1736 - Guillaume De La Nöe, de la ville de Rochefort - 24 ans.
• 1er octobre 1736 - Pierre Doucet, de la paroisse de Médréac [?] - 50 ans.
• 25 novembre 1736 - Jan Le Traver - 35 ans.
• 26 janvier 1736 - Jacques Roüault, de la paroisse de Noial [Noyal] - 36 ans.
• 18 janvier 1736 - Michel Le Grand, de la province de Lyon - 60 ans.
Un poison mortel
Les effets néfastes du plomb sont connus depuis l'Antiquité. Cinq siècles avant Jésus-Christ, Hippocrate décrit déjà l'action toxique de ce métal que les alchimistes symbolisent par la planète Saturne. En 1765, dans le douzième volume de l'Encyclopédie, le plomb est qualifié de "poison très violent" dont "la vapeur est très nuisible, comme on peut en juger par les maladies auxquelles sont exposés ceux qui travaillent ce métal". Les ouvriers des fonderies de plomb "sont sujets à des coliques spasmodiques très violentes" et si l’on n'intervient pas dès les premiers symptômes "ils meurent dans une espèce de coma ou d’apoplexie."
L'article de l'Encyclopédie ajoute que la fumée des fonderies constitue aussi un danger pour les animaux : "On dit que les oiseaux qui traversent la fumée des fonderies de plomb tombent morts ; les bestiaux et les troupeaux ne peuvent paître sans danger dans les prairies du voisinage sur lesquelles retombe cette fumée pernicieuse ; les eaux mêmes des environs en sont empoisonnées, et les chiens qui en boivent ont des symptômes de la rage."
Des ouvriers "demeurés malades à la mine"
Les registres de la paroisse de Saint-Erblon ne sont pas plus explicites. La cause d'un décès figurant rarement sur un acte de sépulture, la lecture des registres ne permet pas d'évaluer l'ampleur de l'intoxication des ouvriers de la mine par le plomb. L'abbé François Simon, curé de Saint-Erblon de 1725 à 1758, indique cependant à cinq reprises, tout au long de l'année 1736, que le défunt était à travailler à la mine du pont péan et y était demeuré malade, sans plus de précisions. Ces décès seraient-ils eux aussi imputables au mal du plomb ?
Le lieu-dit "La Fonderie",
près de Carcé.
Une fonderie est installée près du moulin de Carcé dès les premières années de l'exploitation minière. Elle va fonctionner jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Le 29 octobre 1758, Joseph Durocher, 31 ans, est inhumé dans le cimetière de Bruz. Il est mort à la fonderie, emporté par le mal du plomb. Dans les registres paroissiaux de Bruz, l'acte de sépulture de Joseph Durocher est le seul qui mentionne une intoxication par le plomb.
1758 : Joseph Durocher,
un ouvrier natif de Saint-Jean-sur-Couesnon, succombe au mal du plomb.