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Un extrait de la carte des environs de Rennes, levée entre 1785 et 1787, où figurent les noms de la plupart des domaines des propriétaires soupçonnés d'émigration.
En 1790, la France est divisée en départements, districts, cantons et communes. La paroisse de Saint-Erblon devient alors une commune du canton de Corps-Nuds, dans le district de Bain.
 

C'est donc un huissier de Bain, chef-lieu du district, qui se présente à Saint-Erblon le 26 avril 1792 pour réclamer la liste des émigrés, l'état de leurs biens et le nom de leurs fermiers.
• Monsieur de St-Aubin Blain (Jean-Félix Blain de Saint-Aubin) possède la métairie de la Clôture, affermée à François Etimble.
Le 3 septembre 1792, l'administration d'Ille-et-Vilaine arrête une première liste de 646 émigrés, qui sera portée à 2.072 dix-huit mois plus tard. Mais les décrets visant ces émigrés ne sont que partiellement appliqués dans le sud du département car de nombreuses municipalités sont en contre-révolution ou bien paralysées par la chouannerie.
 
Par contre, les décrets concernant la vente de leurs biens sont plus strictement mis à exécution. Les acquéreurs sont pourtant peu nombreux. Ce sont souvent des parents d'émigrés et les immeubles vendus comme biens nationaux dans le sud de l'Ille-et-Vilaine ne représentent qu'une faible part de la propriété nobiliaire. Les ventes de biens d'émigrés confisqués à Saint-Erblon ont lieu en 1796 :
• La métairie de Château-Loger est vendue le 26 juillet à Julie-Renée Magon de la Gervaisais, de Rennes.
 
• Le moulin de Blochet, sur l'Ise, est vendu le 22 décembre aux concessionnaires de la mine de Pont-Péan : Jean-Baptiste Guillot de Lorme, René-Augustin Marigner, Augustin-René Marigner et Alexandre-Louis Rœttier, représentés par Louis-Charles Pellerin, de Bruz.
 
• La métairie de Bon-Espoir est vendue le 2 août à Jean-Henri Buis, apothicaire à Rennes.
 
• La maison principale et la retenue de Château-Letard sont vendues le 30 juillet à Charles Garçon, meunier à Saint-Erblon (elles seront rachetées par Brigitte-Marie du Breil de Pontbriand, fille du propriétaire dépossédé).
 
• La métairie de Château-Letard est vendue le 6 juillet à Jean-Thomas Jubault, de Rennes, ancien juge au tribunal du district de Redon (elle sera rachetée par les enfants du propriétaire dépossédé).
 
• Les moulins de Château-Letard (moulin à seigle au sud du pont, moulin à froment au nord) sont vendus le 26 juillet à Benoît Malet, commissaire du Directoire dans le canton de Corps-Nuds et Julien Trochel, de Nouvoitou.
 
• La ferme d'Ercé est vendue le 1er août à Pierre Tonel, cultivateur à Saint-Erblon.
 
• Les métairies de la Grande Ourmais et de la Petite Ourmais sont vendues le 2 octobre à Alexandrine-Julie Arthur, d'Amiens, nièce des propriétaires, représentée par Alexis Desbouillons, homme de loi à Rennes.
 
• La métairie de la Haie Longue est vendue le 10 juillet à Elisabeth-Thérèse de Bonnescuelle, fille du propriétaire.
La carte des Cassini
• M. d'Orgères (Yves-Blaise-Julien de Bonnescuelle d'Orgères) possède une pièce nommée le Champ au lièvre, un jardin à la Haie Longue et le Bois des Fossés, affermé au Sieur Deprés.
 
• Mme du Gué-Lambert de la Monneraye possède la métairie et les terres de Caran.
Le Pavillon
 


L'ancien Manoir du Pavillon, avec sa petite tourelle ronde en encorbellement, est mentionné par Paul Banéat (1856-1942), conservateur du musée archéologique de Rennes, dans "Le département d'Ille-et-Vilaine. Histoire, archéologie, monuments" (tome III).
De nombreuses autres métairies à Saint-Erblon
 
• M. de Montluc (Charles-Sévère-Louis de la Bourdonnaye Montluc) possède la métairie et les terres de Châteauloger, affermées à Jean Guesdon, le bois de l'Ourmais, le moulin de Blochet, affermé à Mathurin Guihard, les bois et terres en labour dont jouit le Sieur Duclos, le bois de la Morlais et une partie du bois de Laillé.
 
• M. Viard (Charles-Jean-Marie Viard de Mouillemuse) possède la métairie de Bon-Espoir, affermée à Julien Tourtelier.
 
• M. de Nevet (Jean-Malo du Breil de Pontbriand de Nevet) possède le château de Châteauletard, la retenue de Châteauletard, affermée à Jacques Pouessel, la métairie de la Porte, affermée à Joseph Gauchard, le moulin à seigle de Châteauletard, une prairie et un domaine affermés à Charles Gauron. Il possède aussi le domaine des Chateliers, affermé à Joseph Frogerais, la ferme et les terres d'Ercé, affermées à Pierre Louvel.
 
• Les enfants de M. de Beaumanoir (les trois fils de Jean-François de la Motte de Montmuran-Beaumanoir) possèdent la métairie et les terres de la Grande Ourmais, affermées à Georges Frogerais, ainsi que la métairie et les terres de la Petite Ourmais, affermées à Jacques Gillot.
 
• M. Onfroy, héritier de M. de Virel, possède la métairie des Tremblais, affermée à Julien Hirel, la maison et les terres de la Luardière ainsi que la métairie des Mariers, le tout affermé au dénommé Jameu.
 
• M. Guery de Sénac possède le Pavillon, affermé à François Tourtelier et la ferme de la Galazière, affermée à Pierre Tourtelier.
Les biens des personnes soupçonnées d'émigration
 

La métairie de la Clôture
"Monsieur Guinebaut huissier demeurant à Bain, s'étant présenté ce jour aux fins de ses ordres en datte du vingt huit février dernier lui donnés par Messieurs du département de l'Ille et Vilaine pour avoir les noms et la déclaration des biens des émigrés
Monsieur le Maire a fait assembler la municipalité et lui présent le vingt sixième jour du Mois d'avril Mil sept cent quatre vingt douze laquelle assemblée tenue aux trois ou quatre heures de l'après Midy ont déclaré au dit sieur Guinebaut qu'ils n'ont pas connaissances suffisantes pour assurer l'émigration de qui que ce soit, qu'en conséquence elles ne peuvent donner aucune notion certaine de ce que l'on dit dans le public."
 

Le maire, M. Ollivaux, réunit la municipalité à l'arrivée de l'huissier. Le bruit court que plusieurs propriétaires de la commune auraient émigré. Mais il ne s'agit que d'une rumeur et le maire déclare ne pas disposer d'informations suffisantes pour désigner ceux qui ont réellement émigré. Les personnes soupçonnées d'émigration sont : M. de Montluc, M. Viard, M. de Nevet, les héritiers de M. de Beaumanoir, M. Onfroy, héritier de M. de Virel, les enfants de M. Blain de Saint-Aubin, M. Guery de Sénac, M. d'Orgères et Mme du Gué-Lambert de la Monneraye. À la demande de M. Guinebaut, la municipalité fait l'inventaire des biens immobiliers de ces personnes.
1796 : les ventes de biens confisqués
26 avril 1792 : un huissier à Saint-Erblon
Le décret du 9 février 1792
 

Le 9 février 1792, l'Assemblée nationale décrète la saisie des biens des émigrés.
 
Un décret du 30 mars fixe ensuite les modalités d'exécution de cette mainmise. Chaque municipalité a un mois pour envoyer au directoire de son district l'état des biens situés sur son territoire et appartenant à des personnes qui ne seraient pas domiciliées dans le département.

Soupçonnés d'émigration