Coll. Alain Aussedat (1945-2013)
Portrait de 1809 — Coll. Alain Aussedat (1945-2013)
Aristide Coüannier, gérant de la société
Le 22 novembre 1855, la société se transforme. Elle devient la Société en commandite des Mines de Pontpéan qui émet 4.000 actions de 125 francs signées par Joseph Collings, directeur de l'Old Banking Company à Guernesey. La société est administrée par un gérant responsable qui a la signature sociale et qui est assisté d'un conseil de surveillance. Le premier gérant de la société est Aristide Coüannier, le plus jeune des quatre enfants de Julien. Il achète le domaine de la Clôture en 1858. Il reste en fonction jusqu'en 1864. Durant sa gérance, deux autres anciens puits sont rouverts, celui de la République en 1855, et celui de l'Orme en 1861. Un nouveau puits est foncé en 1862 : le puits du Midi.
En 1864, l'année où il quitte la mine, Aristide Coüannier devient membre de la Chambre de Commerce de Rennes où il siège jusqu'en 1872. Le 30 septembre 1870, Théophile Bidard de La Noë, nouveau maire de Rennes, le choisit pour adjoint avec Pierre Martin, René Brice et Edgar Le Bastard. Il est aussi membre de la commission de la Garde Nationale. Mais la succession des défaites françaises face aux troupes prussiennes et l'affaire du camp de Conlie provoquent des dissensions au sein de la municipalité. Hostile à la politique de Léon Gambetta (ministre de l'Intérieur et de la Guerre), Aristide Coüannier démissionne en janvier 1871 avec Théophile Bidard de La Noë et Pierre Martin.
Le 5 septembre 1877, Aristide Coüannier décède à Rennes, rue d'Orléans, à l'âge de soixante ans.
John Hunt à Pont-Péan
L'aboutissement des démarches de Julien Coüannier
Quand Julien Coüannier le contacte, en 1841, John Hunt vient effectuer quelques visites à Pont-Péan. Il découvre, sur le carreau de la mine, une grande quantité de déchets riches en argent, les haldes abandonnées par les anciens exploitants. Le 23 août 1842 un contrat est conclu entre Julien Coüannier et John Hunt à qui la mine est affermée pour quarante ans, sous réserve de l'obtention de la concession. La ténacité de Julien Coüannier finit par porter ses fruits : en 1843, l'administration l'autorise enfin à reprendre les travaux.
La reprise
Les travaux commencent en surface, en 1844, avec vingt-cinq ouvriers. Le lavage des haldes par John Hunt va se poursuivre durant huit ans, apportant des bénéfices considérables à l'ingénieur et au propriétaire. Mais Julien Coüannier n'a guère le temps d'en profiter car il meurt le 14 janvier 1847. Pour réunir les fonds nécessaires à la reprise de l'exploitation souterraine, John Hunt fait alors appel à ses relations anglo-normandes. Des minerais de Pont-Péan ont été traités pour essais dans les usines britanniques de la vallée de Tamar, près de Plymouth. Les résultats ayant été satisfaisants, John Hunt parvient à intéresser les actionnaires de la Compagnie Minière de Guernesey et Sark et à constituer une nouvelle société en décembre 1851, la Compagnie pour l'exploitation de la mine de Pont-Péan. Les travaux souterrains peuvent alors débuter, au mois de mai 1852.
Le déblaiement des anciens puits
John Hunt entreprend d'abord le déblaiement et la remise en état de trois anciens puits : le puits du Chapelet, le puits Saint-Joseph et celui de la Nouvelle Mine. La première machine à vapeur de Pont-Péan est commandée en 1852 en Angleterre et importée en franchise de tous droits. Elle est mise en place en 1853 sur le puits du Chapelet. L'année suivante, le puits des Députés est remis en service et un chemin de fer est établi dans la galerie de roulage du douzième niveau, à cent dix mètres de profondeur.
Les mines d'argent de Sark.
Au-dessus de Port Gorey, d'où partaient les bateaux chargés de minerai, les ruines du bâtiment de la machine cornouaillaise d'épuisement des eaux (Cornish engine house), en 1916.
(Envoi de John Elsbury - Auckland)
Le fief perdu
En 1845, l'effondrement de la plus profonde des galeries aurait provoqué, dit-on, la mort de dix mineurs et la compagnie ne s'en serait pas remise. Mais, aucun journal de l'époque ne relatant une telle catastrophe, c'est plus vraisemblablement pour des raisons économiques que les travaux sont définitivement arrêtés en 1847. Désespéré et ruiné, Ernest le Pelley meurt en 1849. Son fils, Peter Carey Le Pelley hérite du fief, et des dettes qu'il ne peut rembourser. En 1852, la seigneurie de Sark est vendue pour 6.000 £ à Mary Collings, fille du défunt John Allaire et veuve de Thomas Guerin Collings. Mais Mary Collings, devenue Dame de Sark, décède la même année et son fils, William Thomas Collings, devient Seigneur de l'île. Quant à John Hunt, il est déjà à Pont-Péan depuis dix ans.
Le prêt du corsaire
En 1839, Peter Le Pelley se noie dans un naufrage. Son frère Ernest lui succède en qualité de seigneur de Sark. Pour accroître le capital de sa compagnie, John Hunt est à la recherche de nouveaux investisseurs. En 1840, il obtient un prêt de 1 000 £ d'une banque de Guernesey : Priaulx, Le Marchant, Rougier & Co. De nouveaux fonds sont encore nécessaires en 1844, mais la production n'a rapporté que 4.000 £ alors que les sommes investies dépassent les 34.000 £. Seul John Allaire, un Guernesiais qui avait fait fortune durant les guerres napoléoniennes, accepte de prêter 4.000 £ à la compagnie (John Allaire, détenteur de lettres de marque, était tour à tour corsaire quand il s'emparait de bateaux français, et pirate quand il hissait le pavillon français pour s'attaquer aux navires britanniques). En garantie, Ernest Le Pelley hypothèque son fief, sûr de la rentabilité future de "sa mine d'argent".
Le "filon d'argent" de Sark
L'espoir de Sark
C'est en 1833 que John Hunt découvre deux premiers filons dans la partie sud de l'île de Sark, l'un de cuivre et l'autre d'argent. L'année suivante, Peter Le Pelley, Seigneur de Sark, lui accorde une licence de trente et un ans pour effectuer des recherches d'argent dans son fief. La Compagnie Minière de Guernesey et Sark est constituée à cet effet. Les deux premiers filons sont abandonnés en 1836, quand un nouveau filon de plomb argentifère est découvert près de Port Gorey. Il est nommé Sark's Hope, l'Espoir de Sark. Son exploitation fournit du travail à quatre-vingts îliens et à deux cent cinquante mineurs venus de Cornouailles. Quatre puits sont ouverts. Huit galeries sont creusées dans le filon. L'une d'entre elles s'enfonce sous la mer. Les jours de tempête les mineurs y entendent les rochers rouler au-dessus de leurs têtes. Une machine à vapeur de 120 chevaux et un chemin de fer à voie étroite sont mis en place.
Des années de démarches pour Julien Coüannier
Julien Coüannier multiplie les efforts et les démarches pour faire valoir ses droits de propriété sur la mine abandonnée et obtenir l'autorisation d'en reprendre l'exploitation souterraine.
Il s'associe à Jeanne-Françoise Chantal de Crécy, marquise de Bréhan, à qui la mine est concédée par une ordonnance du 21 janvier 1829. Mais la marquise ne relance pas les travaux et cède ses droits à un ancien ingénieur en chef des Mines, M. Mathieu. Pour Julien Coüannier, les démêlés administratifs continuent.
En 1841, il entre en relation avec John Hunt, un ingénieur anglais directeur des mines de l'île anglo-normande de Sark, et leur rencontre va conduire à un accord.
La réouverture de la mine