Jean Pierre Cudennec  -  Pont-Péan au fil du temps  -  Tous droits réservés (site déposé auprès de Copyright France)
 
Le site du puits de la République vers 1893.
Léon Maudet réorganise la mine en l'équipant d'un puissant outillage qui donne un nouvel élan à la production. À la fin de 1890, il commande une laverie moderne à la maison Lührig de Dresde, en Allemagne. Au puits de la République, il met en place une nouvelle machine d'extraction accompagnée d'un chevalement Eiffel mis en service en janvier 1893, la "Grande Chèvre". Il fait aussi construire le bâtiment des bureaux et aménager un port sur la Seiche.
 
En désaccord avec Jean François Gicquel, banquier de la mine et président de son conseil d'administration, Léon Maudet quitte Pont-Péan en avril 1898. Il sera ensuite directeur de la Société Minière Anversoise et des mines de Braçal Estarreja, au Portugal, puis en 1909, directeur de la Compagnie des mines d'Aïn-Barbar, en Algérie.
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Il emménage alors à la Clôture, avec son épouse Henriette, leur fille Jeanne, et une domestique, Marie Abaléo. Un nouveau jardinier, Pierre Marie Fromont, est employé au "château".
 
Jean Claude Gollion prend toujours à cœur les intérêts des ouvriers. Il ne veut pas leur faire courir de risques dans des galeries qui pourraient subitement être envahies par les eaux. L'insuffisance des moyens d'épuisement l'inquiète. Une nouvelle pompe est indispensable et il insiste pour obtenir les crédits qui lui permettraient de l'acquérir. Mais, pour assurer ainsi l'avenir de l'exploitation, il eût fallu consentir à une réduction momentanée des bénéfices. Jean François Gicquel s'y refuse. Le 26 mars 1903, les actionnaires sont convoqués à une assemblée générale extraordinaire. Jean Claude Gollion y réaffirme que la mine est dans une situation critique et qu'il est urgent de remplacer la machine d'épuisement. Il essuie, une nouvelle fois, l'invariable refus de Jean François Gicquel qui lui signifie de surcroît son congé immédiat.
 
Jean Claude Gollion va poursuivre brillamment sa carrière, d'abord comme ingénieur divisionnaire à la compagnie des mines de Decazeville, d'octobre 1904 à juillet 1906. Puis en Indochine, où il sera directeur général de la Société française des charbonnages de Hongay (Tonkin) du 4 septembre 1906 au 30 avril 1923. Son action à Hongay lui vaudra une distinction honorifique : par décret du 18 avril 1919, rendu sur le rapport du Ministre des Colonies, il sera nommé Chevalier de la Légion d'Honneur. Il décédera à Lyon le 28 mai 1950.
• Jean Claude Gollion
 
Le 1er juillet 1898, Léon Maudet est remplacé par Jean Claude Gollion, un ingénieur né à Lyon le 23 mai 1862 et sorti de l'École des mines de Saint-Étienne en 1885. Jean Claude Gollion a d'abord travaillé quatre ans en Belgique, où il a épousé Nancy Henriette Fretière à Anvers le 18 mai 1889, puis un an aux mines de l'Escarpelle à Douai. Il est ensuite parti pour l'Aveyron, où il a passé trois ans à Villefranche, avant d'être engagé aux mines de charbon de Campagnac qu'il vient de quitter, le 1er juillet 1898, emportant l'estime et la reconnaissance de tout le personnel de cette exploitation.
• Maurice Jeantet
 
Maurice Jeantet quitte la direction des mines de la Touche, à Vieux-Vy-sur-Couesnon, pour prendre celle de Pont-Péan. Il assume cette fonction pendant un an, jusqu'à la vente de 1904, puis part à Poullaouen.
À la mine, Charles Eloy développe méthodiquement les travaux souterrains et améliore la préparation mécanique du minerai. Une phase de croissance rapide de la production avait commencé en 1877, après la mise en place d'une nouvelle machine d'extraction. Elle se poursuit sous la direction de Charles Eloy, qui occupe le poste jusqu'à sa mort, survenue à Rennes dans la nuit du 8 au 9 juin 1890. Il allait avoir cinquante trois ans.
• Constant Léon Maudet
 
Constant Léon Maudet, un ingénieur civil né le 10 janvier 1848 à Sens-de-Bretagne, succède à Charles Eloy. Diplômé de l'université catholique de Louvain en 1872, il est ingénieur à la mine belge de Védrin, en 1879. Il est ensuite directeur de la Société charbonnière de Forte-Taille à Montigny-le-Tilleul en Belgique, de 1879 à 1885, puis des mines du Laurium en Grèce, de 1885 à 1888. En 1889, la société belge l'Aurifère argentine le charge de l'ouverture de mines d'or dans la province de Jujuy (Argentine), puis il prend la direction des mines de Pont-Péan, en 1891. Il est aussi administrateur des mines de la Touche, à Vieux-Vy-sur-Couesnon, et sera bientôt co-concessionnaire des mines d'antimoine de Martigné-Ferchaud (concession du Semnon, sollicitée en 1892 et instituée en 1895). Il s'installe à la Clôture avec son épouse belge, Evelina Deneubourg, et leur fille Angèle, âgée de sept ans. À son arrivée, la famille Maudet est accompagnée d'une femme de chambre allemande, Maria Elisabeth Hubner. L'instruction d'Angèle est assurée à domicile par une préceptrice : en 1896, une jeune institutrice allemande, Marguerite Aedicke, réside à la Clôture. Les Maudet emploient aussi une cuisinière, Élise Furck, et un cocher, Julien Pierre Noël, logés au "château". Un jardinier, Jean Marie Cléro, est chargé de l'entretien du parc.
L'Orangerie, avec sa tour carrée abritant un pigeonnier, vers 1940.
1865 - 1904 : cinq directeurs successifs à la Clôture
 

• Frederick Saumarez Brock
 
Après le départ d'Aristide Coüannier, en 1864, la gérance est confiée à un Anglo-Normand, Frederick Saumarez Brock. Il est né à Guernesey le 27 août 1817 et vient de passer vingt-deux ans à la direction des mines et fonderies de Carthagène, en Espagne. Le patronyme Saumarez lui vient de sa grand-mère paternelle, Susannah Saumarez, une demi-sœur du général sir Thomas Saumarez et de l'amiral James Saumarez. Sa mère, Mary Elizabeth Priaulx, est la soeur d'un des principaux actionnaires de la mine. Frederick S. Brock est le premier occupant de la nouvelle maison patronale, construite en 1865 à la Clôture. Il y demeure durant une quinzaine d'années, servi par une domestique. La première est Marguerite Réollo. Quelques années plus tard, c'est Françoise Barreau. En 1872, un jardinier, Pierre Ferré, loge aussi à la Clôture.
 
Durant la première année de gérance de Frederick S. Brock, l'ingénieur chargé de la direction des travaux souterrains est M. Laforce. Il est remplacé à la fin d'octobre 1866 par Charles Joseph Eloy, un Belge né à Seilles le 1er août 1837, qui s'était formé lui-même et avait dressé les plans des principales mines métalliques des provinces de Liège et de Namur. Au mois de novembre, la Société des Mines de Pontpéan rachète à Aristide Coüannier une maison qu'il avait fait construire au Luzard. Charles Eloy y élit domicile. Célibataire, il y cohabite un moment avec un mineur originaire de Lohuec, Jean Marie Guillou.
 
Charles Eloy reste en contact avec ses compatriotes belges. L'un d'eux, Gustave Dumont, achète d'abord le stock de schlamms en 1874, puis toute la production de Pont-Péan.
 
La société est réorganisée en 1880, grâce à la collaboration de deux Rennais, le banquier Jean François Gicquel et le sénateur-maire Edgar Le Bastard. C'est aussi en 1880, le 19 avril, que la société achète aux héritiers d'Aristide Coüannier, mort en 1877, la concession, les terrains et les bâtiments de la mine pour la somme de 300 000 F. Frederick S. Brock quitte la direction en avril 1881. Il décédera à Guernesey, le 25 février 1891.
• Charles Joseph Eloy
 
Charles Eloy est ingénieur de la mine depuis déjà quinze ans quand il prend la direction de la société en 1881. Les recensements de la population indiquent qu'il réside d'abord au Luzard en 1866, 1871 et 1876, puis à l'Omelette en 1886. Il partage alors son habitation avec une cuisinière de vingt-quatre ans, Julie Robert. Quatre ans plus tard, son acte de décès mentionne la Clôture pour domicile.
 
Dans le parc de la Clôture, la remise que Joseph Cadieu avait construite près du puits de l'Orme est agrandie en 1883. Le nouveau bâtiment, aux murs de briques montés sur un soubassement de schiste, est connu sous le nom de "l'Orangerie", mais sur les registres cadastraux et les actes notariés son appellation reste "la Remise".
La maison des directeurs
 

À la Clôture, le Logis où habitait Aristide Coüannier est démoli en 1864, quand il quitte la direction.
 
Un nouveau bâtiment est construit en 1865, dans le "Jardin devant le Logis". C'est la maison des directeurs, bâtie sur caves, avec un étage et des combles. Un enduit recouvre les murs de schiste de la nouvelle maison patronale, un bâtiment que les ouvriers ne tardent pas à appeler le "château".

Cinq directeurs successifs à la Clôtu

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Jean Claude Gollion
(1862-1950)