Les usines Dumont à Sclaigneaux
Galerie latérale du 32e niveau
"On espère pouvoir employer des chevaux au 32e niveau [profondeur de 312 mètres, alors atteinte par le puits de la République] et dans ce but on a donné à la galerie latérale une hauteur de 2,10 m."
Extraits d'un compte-rendu de voyage de Georges Roux, élève de l'École des Mines - 1884
[Bibliothèque de l'école nationale supérieure des mines de Paris]
"Dans les galeries sont établis des chemins de fer dont les rails, du système Vignoles, ont 0,50 m d'écartement."
"Les wagonnets qui circulent sur ces chemins de fer sont en tôle. Ils sont poussés par des rouleurs, qui sont en général engagés au marché, c'est-à-dire ont tant par wagon amené de la cheminée à la recette du puits."
"Le chevalement du puits Républicain est en bois : c'est du chêne de 0,20 m d'équarissage. Il atteint une hauteur de 18 mètres depuis le sol de la recette jusqu'à l'axe des molettes. Il porte à sa partie supérieure un plancher muni d'un parquet. On accède sur cette plateforme par un escalier contenu dans le bâtiment de la machine d'épuisement, auquel est adossé le chevalement."
Quand Gustave Dumont meurt subitement à Liège, le 25 avril 1891, il est considéré comme l’un des plus grands industriels de son pays. Les usines de Sclaigneaux fournissent alors plus des neuf dixièmes de la production belge de plomb et d’argent. Ses deux gendres, Alfred et Jules Lamarche, reprendront ensuite la direction de la société.
Gustave Dumont ne réintégre pas l’administration des mines à l'issue de l'étude liégeoise (le 25 mars 1860, il sera admis dans la section de disponibilité, dont il fera partie jusqu’à sa mort). Attiré par la chimie et la métallurgie, il projette de fonder sa propre usine pour apporter une solution à des problèmes jusqu’alors dédaignés. Il veut tirer parti des matières métallifères de peu de richesse, d’un traitement difficile et considérées sans grande valeur marchande.
Il effectue les essais préliminaires à l'aide d'un petit four de location puis, en 1856, consacre les économies familiales à la construction du premier fourneau de l’usine à plomb de Sclaigneaux, à Seilles. L’usine, proche de la maison des parents de Charles Eloy, est en plein essor à partir de 1864.
À Pont-Péan, la machine Libert est mise en service le 2 mai 1877, après la construction d’un chevalement en bois sur le puits de la République élargi et entièrement reboisé. Les cages guidées qui circulent dans le puits sont munies de parachutes, un dispositif de sécurité empêchant leur chute en cas de rupture d'un câble. Elles peuvent donc recevoir les wagonnets d'extraction, mais aussi faire descendre et remonter les ouvriers qui n'ont plus à circuler péniblement sur des échelles. Ce nouveau mode de circulation améliore la sécurité des ouvriers et leur permet de fournir une quantité de travail plus importante grâce au temps gagné. Les effets de la nouvelle machine ne se font pas attendre. L'accroissement immédiat de la production amène la société à réaliser d'importants bénéfices.
Gustave Dumont et Charles Eloy obtiennent bientôt la collaboration d’Edgar Le Bastard, sénateur-maire de Rennes, pour réorganiser l'affaire. De nouveaux statuts sont approuvés le 30 mars 1880 par une assemblée générale extraordinaire des actionnaires. La société en commandite par actions devient une société anonyme, la "Société Anonyme Commerciale des Mines Argentifères de Pontpéan", présidée par Edgar Le Bastard. Frederick Saumarez Brock reste encore un an à la direction. Le 29 avril 1881, une nouvelle assemblée générale extraordinaire apporte encore quelques modifications de détail. Frederick Saumarez Brock est alors remplacé par Charles Eloy.
Une première grande cheminée est construite en 1870, une deuxième en 1882. Elles sont reliées aux usines de Sclaigneaux par des conduits maçonnés contre le versant de la falaise.
En 1886, Gustave Dumont construit à Sclaigneaux des chambres de plomb pour fabriquer de l’acide sulfurique à l’aide des gaz de grillage des blendes.
Il double l'installation en 1889. Cette année là, à Paris, le jury de l’Exposition universelle lui décerne un grand prix. Il est alors promu au grade d’officier de l’Ordre de Léopold.
Les nouvelles actions de 1880.
Pour assurer la poursuite de l'exploitation, l'assemblée générale des actionnaires de 1880 approuve l'émission de nouvelles actions. Le capital social de la société anonyme, fixé à deux millions de francs, est représenté par quatre mille actions de cinq cents francs chacune.
Les actions de 1880 portent la signature de deux membres du nouveau conseil d'administration, Léon Porteu de la Morandière, le vice-président, et Francis Doret, un tanneur rennais.
En 1875, Gustave Dumont établit à Sclaigneaux une seconde usine pour le traitement des minerais mixtes, contenant à la fois du zinc, du plomb, de l’argent et d’autres métaux. Dès lors, outre les schlamms, toute la production de galène, pyrites et blende de Pont-Péan, qui partait auparavant en Grande-Bretagne et à Rouen, est expédiée à Sclaigneaux par voie de chemin de fer. Jusqu'à la fermeture de la mine, le minerai sera livré aux usines Dumont, excepté la galène qui sera traitée à Couëron, près de Nantes, à partir de 1886.
Gustave Dumont et Pont-Péan
Invité par Charles Eloy, Gustave Dumont vient visiter la mine de Pont-Péan en 1874. Après avoir vérifié la teneur des schlamms en plomb et en argent, il en achète tout le stock et, aussitôt, s’implique activement dans l’affaire. À l’assemblée générale du 18 août 1874, il parvient à convaincre les actionnaires de la nécessité de renouveler le matériel et obtient le vote de l’installation d’une puissante machine d’extraction au puits de la République. La machine est commandée à la maison Libert, de Liège. Elle est financée par l’émission d’obligations garanties par la banque rennaise de Jean François Gicquel.
La mine sauvée par deux Wallons
En 1870, les actionnaires, pensant que le gisement est épuisé, évoquent la possibilité d'une liquidation. C’est le directeur des travaux, Charles Eloy, qui sauve une première fois la mine de la fermeture en retrouvant le filon après avoir financé lui-même les recherches avec ses employés. Le risque n'est pourtant pas écarté.
En quête d’actionnaires confiants dans l’avenir de Pont-Péan et n'attendant pas uniquement un partage immédiat des dividendes, Charles Eloy parvient alors à intéresser l'un de ses compatriotes, Gustave Dumont. L'influence et les interventions de l'industriel belge vont alors conduire à l'amélioration de l'outillage, à la transformation de la société et à la prospérité de la mine de Pont-Péan.
Pour la seconde fois, l'existence de la mine est sauvée par un ingénieur wallon.
En 1856, Gustave Dumont implante son premier fourneau à deux kilomètres de la maison de la famille Eloy.
L'usine à plomb de Sclaigneaux
Le réseau d’eau potable de Liège
Le 28 décembre 1854, le Conseil communal de Liège confie à Gustave Dumont l’étude des différentes solutions proposées pour alimenter la ville en eau potable. Pour se consacrer pleinement à cette tâche, il obtient un congé en 1855. Il trace alors un plan complet des travaux à exécuter qu’il présente dans son rapport du 18 février 1856. Le projet, adopté par le Conseil communal le 7 décembre 1859, améliore considérablement les conditions de salubrité de la ville. Dix ans plus tard, le jour de Noël 1869, le roi Léopold II exprimera sa gratitude en nommant Gustave Dumont chevalier de son ordre.
Gustave Dumont, ingénieur des mines
Gustave Dumont naît à Liège le 15 mai 1821. Après avoir obtenu son diplôme d’ingénieur, il entre dans l’administration des mines le 23 août 1846. Il effectue d’abord un court stage à Mons avant d’être affecté aux mines de Vedrin, dans la province de Namur, puis à la Société de Corphalie, dans celle de Liège.