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Un coron de 1826
à La Sentinelle (Nord).
De nombreux ouvriers sont logés chez l’habitant, au sein des maisons déjà existantes. D’autres se regroupent dans des habitations que leur louent principalement M. Jubaud, chef laveur à la mine, et M. Tortelier, son beau-frère. Le loyer qui leur est demandé pour habiter ces maisons composées de une à deux pièces varie de 60 à 100 francs par an, soit environ 240 à 400 € actuels. Certains sont propriétaires. Ils sont plus d'une vingtaine à Bruz, où un journaliste de l’Ouest-Éclair vient rencontrer l’un d’entre eux, à l’heure du repas :
 
« Sa maison n’a qu’une pièce, mais elle est propre et bien tenue. Le morceau de lard qui fume sur la table entouré de choux est appétissant. L’homme mange doucement, sans se presser, tandis que sa ménagère, aux petits soins lui verse à boire, et qu’une mominette de quatre ans fait un bruit infernal en tapant sur la table avec une cuiller en fer. Deux autres enfants jouent dans un coin de la chambre. L’intérieur est familial. Le mineur semble heureux de se dire que tout ce petit monde qui est là vit de son travail, que cette quiétude de la famille est due à son labeur quotidien. Et c’est avec respect que je regarde cet homme qui est l’image même du travail. »
 
Le mineur met bientôt un terme à leur conversation car, dit-il, « il est l’heure et quand on manque à l’appel, on perd sa journée ». Il s'éloigne alors sur l'un de ces sentiers qui convergent vers la mine, à travers champs, les chemins des minois.
Jean Pierre Cudennec - 2014
Au voisinage du puits de la République, un alignement de trois logements mitoyens.
L'habitat ouvrier du XIXe siècle
 
Au XIXe siècle, l’essor industriel n’entraîne pas à Pont-Péan de développement notable de l’habitat ouvrier. Seuls deux bâtiments de cette époque présentent des caractéristiques architecturales semblables à celles des corons du Nord-Pas-de-Calais :
 
• À 150 mètres du puits de la République, un petit ensemble de logements en bande, à un étage, d'une trentaine de mètres de long, qu'on appelle aujourd'hui « Le Coron ».
 
• À 100 mètres du même puits, trois autres logements mitoyens, formant un alignement d'une quarantaine de mètres, à un seul niveau. Leur affectation initiale reste incertaine, mais leur style architectural rappelle celui des corons construits en 1826 par la Compagnie des Mines d'Anzin à La Sentinelle, près de Valenciennes.
Jean Pierre Cudennec - 2016
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Des salaires inégaux pour un même travail
 
Les mineurs sont payés au mètre cube abattu, pondéré par sa teneur en minerai. Leur salaire peut ainsi varier du simple au double, voire plus. Certains, placés dans un mauvais filon, n'extraient que de la pierre et sont parfois contraints à renoncer à la viande et au cidre. Ces ouvriers infortunés doivent alors se nourrir de soupe à la graisse et se contenter d'une piètre piquette. Ce mode de rémunération inégalitaire, imposé par les administrateurs de la société, est une source de rancœur, mais ne suscite pourtant plus de revendications après l’arrivée de Jean-Claude Gollion à la direction, en 1898. Les ouvriers ne tarissent pas d’éloges sur ce nouveau directeur et le climat social reste calme, malgré la présence syndicale établie en 1896.
"Le Coron", un ensemble de logements miniers de la fin du XIXe siècle.

Les conditions de vie des mineurs