La maison d'école et la mairie de Saint-Erblon
Un terrain pour les activités sportives
Le Front populaire gouverne alors le pays et Jean Zay, le ministre de l'Éducation nationale, introduit l'éducation physique obligatoire dans les horaires scolaires. Au mois de mars 1938, Mme Allard, cultivatrice aux Cormiers, accepte de louer à cet effet une prairie de 21 ares à la municipalité de Saint-Erblon.
La loi du 28 mars 1882 avait indiqué que les écoles primaires publiques vaqueraient un jour par semaine, en outre du dimanche, afin de permettre aux parents de faire donner, s'ils le désiraient, à leurs enfants, l'instruction religieuse en dehors des édifices scolaires. Le jeudi ayant alors été choisi, le mercredi est un jour de classe jusqu'en 1972. Et chaque mercredi après-midi les élèves de Pont-Péan se rendent sur ce terrain, proche de l'école, pour y pratiquer des activités sportives.
L'accès au terrain de sports est interdit aux chevaux, mais Mme Allard a demandé l'autorisation de continuer à y faire paître ses vaches en dehors des heures d'exercices physiques. Une réserve qui s'avère bientôt inutile car dès le mois de mai le sol est déjà si piétiné que l'herbe n'y pousse plus.
Version "papier" de cet article dans le bulletin municipal de Pont-Péan de juillet-août 2013.
Un besoin de classes supplémentaires
La symétrie du bâtiment va être bientôt rompue, sa capacité d'accueil se montrant insuffisante. Les deux classes ne peuvent pas "contenir" plus de soixante-dix élèves et une troisième classe devient nécessaire. Le conseil municipal en approuve le plan et le devis en 1931. Il vote sa construction en 1932, une année où l'école doit accueillir cent trente enfants à la rentrée de Pâques. La nouvelle classe est bâtie dans le prolongement de la maison d'école, dans le même style et avec les mêmes matériaux. En 1937, la construction d'une cloison permet un partage des locaux en quatre classes.
La maison d'école de Pont-Péan
En 1923, sur les mille trois cent vingt-sept habitants de la commune de Saint-Erblon, cinq cent onze résident à Pont-Péan. Soixante-six d'entre eux ont moins de cinq ans et soixante-deux entre cinq et treize ans, l'âge scolaire. Le besoin est toujours réel et la municipalité demande à nouveau l'autorisation d'ouvrir une école de hameau.
Elle en confie la conception à l'architecte Louis Chouinard, le père de celui qui reconstruira l'église de Bruz en 1953. Un premier projet prévoit de transformer un bâtiment situé au carrefour de la route nationale de Rennes à Nantes et de celle conduisant à la mine, mais les services de l'État en refusent l'ouverture.
La municipalité renouvelle aussitôt sa demande. L'autorisation de créer une école mixte est cette fois accordée, par un arrêté ministériel du 18 mars 1924. Un terrain propice à la construction ayant été acheté en 1925, Louis Chouinard présente un nouveau projet qui est retenu en 1926. La construction de l'école commence en 1927, après le vote d'un emprunt communal de 138.000 F. Au mois d'octobre 1928, les enfants de Pont-Péan font leur première rentrée scolaire dans le nouveau bâtiment, à l'architecture typique des maisons d'école de la Troisième République : un corps central à étage, abritant deux logements d'instituteurs, encadré de deux classes. Les premiers instituteurs sont Eugène Brizai, directeur, et son épouse Armande, née Plouzen.
La nécessité d'une école de hameau
Saint-Erblon a déjà une maison d'école, abritant la mairie et l'école de garçons, une école publique de filles dans un bâtiment loué et deux écoles privées. Tous ces établissements sont situés au bourg, loin du hameau de Pont-Péan où l'essor de l'activité minière entraîne un afflux croissant de population. La situation préoccupe l'inspecteur d'académie, qui le mentionne dans son rapport annuel, en août 1882. "Je crois devoir signaler à l'attention de l'Administration supérieure la nécessité de la création de deux écoles publiques à Pont-Péan, hameau dépendant de la commune de Saint-Erblon. Il y a là une agglomération d'environ sept cents ouvriers employés aux travaux de la mine de plomb qu'on exploite dans cette localité et qui sont distants de quatre à cinq kilomètres des communes environnantes de Bruz, Chartres, Orgères et Saint-Erblon. Chaque école pourrait recevoir une soixantaine d'élèves et l'on pourrait au besoin y créer une école d'apprentis."
Les choses traînant en longueur, la compagnie minière intervient en 1887. Charles Eloy, son directeur, propose un partenariat pour financer la construction. Il offrirait l'emplacement, la pierre et le sable nécessaires. Mais la préfecture juge la proposition inacceptable, à moins que la compagnie ne consente à rembourser à la commune sa quote-part dans la dépense si l'école venait à fermer. Charles Eloy réitère sa proposition en 1889, arguant que Pont-Péan est à plus de cinq kilomètres de l'école principale et que la nouvelle école accueillerait plus de quarante garçons et quarante filles. Mais Charles Eloy meurt sept mois plus tard et le projet est mis en veille. L'école des mines de Pont-Péan ne verra pas le jour et pendant encore près de quarante ans les écoliers pont-péannais devront se rendre à l'école du bourg, parcourant chaque jour dix kilomètres à pied, par tous les temps.
L'école des mines ?
En 1885, la municipalité de Saint-Erblon adresse à la préfecture un projet de création d'école publique mixte au hameau de Pont-Péan. Pour les services préfectoraux, cette ouverture correspond à un besoin réel et rien ne devrait s'y opposer. Toutefois, au regard des sacrifices que s'impose déjà la commune pour améliorer ses écoles publiques, une location lui est conseillée, plutôt qu'une construction. Pour acquérir le mobilier scolaire, la commune pourrait ensuite présenter une demande de secours sur les fonds départementaux.
Les lois scolaires de Jules Ferry
Sous la Troisième République, après la défaite de 1870, le ministre de l'Instruction publique Jules Ferry fait de l'école une priorité nationale afin de relever la France en formant les futurs citoyens et soldats.
En 1881, il fait voter une loi instaurant la gratuité absolue de l'enseignement primaire dans les écoles publiques. Il peut ensuite, par la loi du 28 mars 1882, rendre l'instruction primaire obligatoire pour les garçons et filles âgés de six à treize ans. Il impose aussi un enseignement laïc dans les établissements publics, l'instruction religieuse disparaissant au profit d'une instruction morale et civique. Jules Ferry s'en explique dans une circulaire adressée aux instituteurs : "L'instruction religieuse appartient aux familles et à l'Église, l'instruction morale à l'école".
Chaque commune de France, même la plus modeste, va bientôt agrandir, rénover ou construire le bâtiment destiné à son école communale. Mais Pont-Péan n'est encore qu'un hameau de la commune de Saint-Erblon…
Le long chemin de l'école