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"Ecuyer Claude Thomas Dupuy en son vivant maistre des requestes honoraire de sa majesté, conseiller d'estat et cy devant intendant du Canada agé d'environ 62 ans décédé au chateau de Carcé le 15e environ les dix heures du soir du présent mois fut inhumé dans l'Eglize près et vis à vis le grand Autel le mercredi dix septiesme septembre mil sept cent trente et huit en présence des soussignants et de beaucoup d'autres personnes. Deux mots interlignes approuvés, un mot raturé réprouvé."
Une des sphères mouvantes de Jean Pigeon.
Le 17 septembre 1738, Claude-Thomas Dupuy est inhumé à Bruz, dans l'église paroissiale du XVIe siècle, qui sera démolie après l'achèvement d'une nouvelle église en 1884.
Un tombeau au château de Carcé ?
 

Malgré son intérêt, l'épitaphe rapportée par la fille de Jean Pigeon appelle quelques réserves, d'abord mineures sur les dates. Dans la thèse qu'il soutient en 1966 à la Sorbonne, Jean-Claude Dubé déclare qu'il n'a pu déterminer avec une exactitude absolue la date de naissance de Claude-Thomas Dupuy, mais que la plus vraisemblable lui semble être le 10 décembre 1678. D'autre part, l'acte de sépulture de l'ancien intendant indique qu'il est décédé le 15 septembre 1738, et non le 14. Mais, surtout, le recteur Yves Ruffault précise dans cet acte que Claude-Thomas Dupuy a été inhumé dans l'église de Bruz, "près et vis à vis le grand Autel". Le Mécaniste Philosophe est rédigé cinq ans plus tard, en 1743 (mais il n'est imprimé qu'en 1750, à cause d'une péripétie racontée par Diderot dans Jacques le Fataliste). Marie-Anne-Victoire Pigeon y situe le tombeau de son parrain au château de Carcé... Si la première sépulture n'était que provisoire, qu'est alors devenu le tombeau de Carcé ?
Le Mécaniste Philosophe
 

Un ouvrage intitulé Le Mécaniste Philosophe est imprimé en 1750 à La Haye. Il est présenté comme un "Mémoire contenant plusieurs Particularités de la Vie & des Ouvrages du Sieur Jean Pigeon, Mathématicien, Membre de la Société des Arts, Auteur des premières Sphères mouvantes qui ayent été faites en France, selon l'hypothèse de Copernic".
 
L'auteur de l'ouvrage est la fille de Jean Pigeon, Marie-Anne-Victoire Pigeon d'Osangis, dame de Prémontval. Elle y transcrit l'épitaphe de son parrain, Claude-Thomas Dupuy [elle écrit Dupuis], "qui accepta l'engagement de lui servir de second père et qui lui a toujours témoigné de la tendresse, jusqu'à sa mort".
 


Claude-Thomas Dupuy avait apporté au Canada divers instruments scientifiques, dont la seconde "sphère mouvante" de Jean Pigeon, un globe céleste (ou sphère armillaire) rendu mobile par un mécanisme d'horlogerie.
 
ÉPITAPHE
 
Gravée en cuivre sur le tombeau
de Monsieur Dupuis,
Au Château de Carcé en Bretagne.
 
Cy Gît
MESSIRE CLAUDE THOMAS
DUPUIS, CHEVALIER,
Né en Décembre 1679,
Reçu Avocat du Roy au Chatelet
en 1700,
Avocat Général au Grand Conseil
en 1707,
Maître des Requestes ordinaire de l'hôtel
en 1720,
Honoraire par privilège spécial
en 1724,
Intendant de Canada en 1725,
Avec Brevet de Conseiller d'état.
Magistrat plein de lumières & d'intégrité,
Homme de lettres versé dans tous les gen-
res d'érudition,
Génie inventif & fécond en vues utiles
à la Société,
Grand citoyen dirigeant tout au bien
public,
Modeste, Affable, Simple, Bon,
Ignorant seul son rare mérite.
Ami Vrai,
N'ayant que l'envie pour ennemie,
Sans Ambition,
Méritant la fortune,
Méprisant ses caprices.
Il est mort
En 1738. le 14. de Septembre,
Au Château de Carcé mines de Pompéan.
Son génie l'y avoit conduit ;
Son courage l'y a soutenu ;
Sa confiance l'y a couronné ;
Mais sa foi pure,
Ses mœurs Chrétiennes,
Et mille bonnes œuvres,
Nous font espérer qu'il est couronné
dans le Ciel.

L'épitaphe de Claude-Thomas Dupuy