Antoine de Genssane deviendra lui-même correspondant de l'Académie Royale des Sciences en 1757. Concessionnaire des mines de Franche-Comté, puis directeur des mines du Languedoc, il écrira de nombreux mémoires. Ses Observations sur les mines d'Alsace et de Bourgogne seront insérées par Nicolas Gobet dans Les anciens minéralogistes du Royaume de France. Dans son Histoire naturelle de la Province de Languedoc, Antoine de Genssane évoquera à plusieurs reprises ses débuts à Pont-Péan.
La machine à lanternes d'Antoine de Genssane.
(Recueil des machines & inventions approuvées par l'Académie Royale des Sciences, de Jean-Gaffin Gallon.)
Antoine de Genssane remplace la manivelle, d'exécution difficile et coûteuse, par trois lanternes juxtaposées qui, "avec des aiguilles garnies de plans inclinés qu'on leur oppose, font jouer alternativement, également et sans aucun saut les pompes auxquelles on les applique".
En novembre 1738, quand la première machine est en place, il en informe d'abord Mme Dupuy. Une semaine plus tard, le 23 novembre, il écrit aux dirigeants de la Compagnie pour leur annoncer "le parfait succès d'un ouvrage dont l'invention fera à jamais la gloire de son auteur".
Après l'exécution d'une deuxième machine à Pont-Péan, il écrit qu'elles peuvent chacune "élever une colonne d'eau de 120 pouces de base sur 118 pieds de hauteur".
Antoine de Genssane : des lanternes au lieu d'une manivelle
À son arrivée à Pont-Péan, Antoine de Genssane perfectionne encore l'invention de Claude-Thomas Dupuy, qu'il établit avec succès sur deux puits voisins : le puits de Bicêtre et le puits allemand. La nouvelle invention est, elle aussi, approuvée par l'Académie des Sciences en 1741.
Les modifications de Claude-Thomas Dupuy.
(Recueil de planches de l'Encyclopédie, publié en 1767.)
Un grand rouet horizontal (B) est fixé à l'arbre du manège. Ses dents font tourner une "lanterne" (D), pièce d'engrenage composée de cylindres (les fuseaux) insérés circulairement entre deux plateaux parallèles (les tourteaux). L'axe de la lanterne porte une manivelle à trois coudes (E) agissant sur des tringles (F) qui font jouer les pompes. Mue par un seul cheval, la machine peut élever trois muids d'eau par minute, c'est-à-dire un peu plus de huit cents litres.
Claude-Thomas Dupuy : des pompes au lieu de seaux
Pour améliorer l'efficacité de la "machine de Bicêtre", Claude-Thomas Dupuy imagine plusieurs modifications. Il remplace le tambour par un engrenage qui met en mouvement une manivelle coudée reliée à un système de pompes disposées dans le puits. Mais il meurt avant d'avoir pu mettre sa machine en place.
La "machine de Bicêtre" installée à Pont-Péan.
(Description historique, topographique et naturelle de la Province de Bretagne, par Christophe-Paul de Robien.)
Christophe-Paul Gauteron de Robien, président à mortier au Parlement de Bretagne, est un érudit, amateur de sciences. Il est l'auteur d'une série de dessins montrant la mine à ses débuts. L'un des dessins représente la "mine du Pontpéan telle qu'elle était le 2 juillet 1735", quelques semaines après le décès de Noël Danycan. La similitude entre la machine de Pont-Péan (O) et celle de l'hôpital de Bicêtre est manifeste.
Christophe-Paul de Robien précise "qu'on élève l'eau par le moyen de grands tonneaux de bois reliés de fer et successivement élevés par une machine que font agir quatre chevaux".
La machine de l'hôpital de Bicêtre.
(Livre d'architecture, par le Sieur Boffrand, Architecte du Roy, publié en 1745.)
L'arbre vertical du manège porte huit bras au bout desquels sont attelés des chevaux. Quatre chevaux suffisent, mais leur nombre peut être doublé pour forcer le travail en cas de besoin.
Des prisonniers, attelés par trois aux huit bras du cabestan, remplaceront les chevaux en 1781.
Une réplique de la machine de Germain Boffrand ?
Le puits de Bicêtre, creusé aux débuts de l'exploitation et d'abord appelé le "grand puisard", doit son nom à la machine qu'on y installe pour assécher la mine. La machine de Pont-Péan est similaire aux machines angevines et à celle que Germain Boffrand, un architecte nantais, avait établie en 1733 sur le "Grand Puits" de l'hôpital de Bicêtre, près de Paris. Des chevaux font tourner un arbre surmonté d'un tambour sur lequel deux câbles s'enroulent et se déroulent en sens inverse. Les câbles passent sur deux grandes poulies, les molettes, placées au-dessus du puits. Ils font alternativement monter et descendre deux seaux de bois garnis de fer, contenant chacun 270 litres (un muid).