La compagnie fait appel à deux ecclésiastiques, inventeurs d'une nouvelle machine à élever l'eau, dite "pompe des prêtres". L'abbé Denisart, un curé du diocèse de Laon, et son ami l'abbé de la Deuille, ont mis au point cette pompe présentée en 1731 à l'Académie Royale des Sciences. Ils ont ensuite apporté quelques modifications à leur machine, dont la simplicité rend la construction peu onéreuse.
Au mois d'avril 1733, les cinq puits de la mine sont équipés de pompes de ce type, mises en mouvement par vingt-huit hommes qui se relèvent toutes les quatre heures.
Dans son rapport d'octobre 1733, Joachim-Anne Blain de Saint-Aubin note les avantages procurés par ces pompes, auxquelles on a adjoint deux "machines angevines", semblables à celles qui sont utilisées pour assécher les carrières d'ardoise dans la région d'Angers.
Il y a, écrit-il, "toute apparence que les sieurs entrepreneurs sont parvenus à se rendre maîtres de l'eau, les fonds étant desséchés tant des puits par les pompes qui ne cessent de manœuvrer, que par les autres concavités par le service des seaux".
Mais, avec l'extension des travaux, l'épuisement des eaux redeviendra bientôt la difficulté principale de l'exploitation.
Un fourneau à soufflet de Pont-Péan
(Détail d'une planche de Christophe-Paul de Robien - 1735)
(Transcription de Henri Sée dans les "Annales de Bretagne" - Tome XXXVII - 1925-1926)
Les fondeurs et chimistes d'Angleterre fondent ordinairement à fourneau de réverbère sans eaux. Celui que le nôtre a fait à Ty-Gal est à réverbère, ce qui me fait croire que c'est ainsi qu'ils les construisent. Je souhaiterais de tout mon cœur vous être bon à quelque chose.
J'ai parlé à M. Hanne, notre chimiste, qui m'a dit qu'il écrirait à M. son fils pour tâcher de vous avoir des ouvriers.
Souhaité la bonne année."
"Monsieur,
J'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire du 16 du courant, par laquelle vous me marquez d'écrire à mon correspondant de vous envoyer un chimiste pour la séparation des métaux, 4 fondeurs, un capitaine de mines et 4 mineurs, en tout 10 ouvriers pour votre mine de Pontpéan. Je ne puis vous assurer de la réussite. Mon ami est à Londres, d'où il m'a écrit depuis peu, pour des affaires particulières qu'il a de conséquence, et il ne me donne pas son adresse. C'est un embarras de faire passer ces gens en France. Je ne sais si mon ami voudra s'en charger. Tout ce que je pourrai faire, je le ferai, mais je vous préviens que ces gens n'aiment guère à entrer si avant en terre. D'ailleurs il faudrait, en cas que cela se puisse, que vous écriviez à votre ami de Saint-Malo de faire en sorte de les faire passer par quelque bâtiment de Guernesey à Saint-Malo, et de là, les faire conduire de Saint-Malo à Pontpéan. Ce sera le seul secret que vous pourrez avoir pour les faire passer, comme si la destination fût pour Guernesey. Je souhaite que cela puisse réussir.
La "pompe des prêtres"
Pour faire face à l'afflux d'eau, un chapelet de quatre-vingts seaux attachés à une chaîne sans fin (une noria) est d'abord mis en place sur l'un des puits. Il est entraîné jour et nuit par des chevaux, rend de bons services, mais nécessite des réparations quotidiennes. Le chapelet, dont le nom restera attaché au puits, doit être abandonné et remplacé par des pompes.
Trois cents travailleurs "au jour"
Outre les mineurs mentionnés par Joachim-Anne Blain de Saint-Aubin, la mine emploie trois cents ouvriers en 1733. Certains sont charpentiers, maréchaux, tonneliers, scieurs de bois, menuisiers, faiseurs de cribles ou maçons. D'autres sont manœuvres, chargés de concasser le minerai, le passer au crible, le laver, le griller et le fondre. Il y a aussi des transporteurs : les charretiers amènent le bois de soutènement à la mine, les voituriers apportent le charbon et la crasse de fer à la fonderie.
Une main-d'œuvre locale formée par des étrangers
Quand il vient inspecter la mine en octobre 1733, Joachim-Anne Blain de Saint-Aubin constate que plusieurs Allemands et Anglais expérimentés dans les mines de plomb sont arrivés trois mois plus tôt. Plus de quatre-vingts mineurs, pour la plupart des gens du pays, travaillent maintenant à la mine. Des Allemands ont commencé à les former. Noël Danycan cherche toujours du personnel qualifié et l'un de ses associés est encore en Angleterre pour engager d'autres ouvriers "à force d'argent".
L'appel à François Guillotou, sieur de Kerever
La Compagnie des Mines de Basse-Bretagne recourt au savoir-faire britannique. Un chimiste anglais nommé Hanne vient travailler à Poullaouen, malgré les lois qui punissent sévèrement les ouvriers "déserteurs" dans son pays. Mais à Pont-Péan, la mine manque toujours de personnel expérimenté. Noël Danycan, qui habite alors à Paris, au Marais, tente d'en recruter lui aussi en Angleterre, par l'intermédiaire de François Guillotou de Kerever.
Le 16 décembre 1732, il écrit au négociant morlaisien, qui lui répond le 29 décembre suivant :
Les tâtonnements initiaux
Il est difficile, en 1730, de trouver en France le personnel qualifié pour exploiter une mine. À Pont-Péan, la compagnie recourt d'abord aux services d'Henry Canu, maître-fondeur à Rouen, qui se prétend "expert pour le travail des mines". Elle emploie aussi un fondeur anglais installé en Bretagne. Mais les premiers travaux sont entrepris contre toutes les règles de l'art et c'est sans précautions que l'on ouvre la grande carrière du "Paty du Bois". Les inconvénients d'un tel procédé d'exploitation se manifestent rapidement : éboulements et afflux d'eau, auxquels il faut ajouter le dédommagement des propriétaires des terrains.
La compagnie parvient alors à attirer quelques aides-fondeurs allemands qui condamnent cette méthode et font creuser des puits. Cinq puits viennent d'être ouverts à Pont-Péan quand François Guillotou de Kerever lance l'exploitation des mines de Poullaouen, en avril 1732.
La machine de Denisart et de la Deuille
(Machines et inventions approuvées par l'Académie Royale des Sciences - Tome V - 1735)
Une grande carrière, puis cinq puits
(Détail d'une planche de Christophe-Paul de Robien - 1735)