La journée la plus sanglante de toute l'histoire de l'armée française
Détail des services et mutations
Incorporé à compter du 10 octobre 1913 (124e Régiment d'Infanterie de Laval). Arrivé au Corps le 10 octobre 1913. Soldat de 2e classe. Soldat de 1ère classe le 17 avril 1914. Parti aux armées le 5 août 1914. Tué à l'ennemi antérieurement au 15 mars 1915 [le 22 août 1914], au combat de Virton (Belgique).
[A. D. 35 - Registres des matricules]
Inhumé au cimetière militaire de Virton, tombe 298.
["L'invasion allemande dans les provinces de Namur et de Luxembourg", J. Schmitz et N. Nieuwland, tome VIII, 1924.]
"Après la bataille de Virton", aquarelle de Nestor Outer (1865-1930).
Le 22 août 1914, les troupes françaises, épuisées par des jours de marche forcée, connaissent leur baptême du feu. L'épais brouillard qui recouvre la ligne de front ne suffit pas à masquer le rouge garance des uniformes français et le massacre commence dès le matin. Vingt-sept mille soldats français sont tués dans la journée. L'Allemagne a gagné la "bataille des frontières", mais au prix fort. Dans ses souvenirs de guerre, le Kronprinz Guillaume de Prusse, écrira plus tard :
"À la conscience joyeuse d'une victoire certaine se mêlait le sombre pressentiment de pertes énormes pour notre brave armée". L'armée allemande a perdu ce jour-là plus de dix mille hommes.
Extrait du Journal des marches et opérations du 124e RI
22 août 1914
Bataille de Virton-Ethe.
De faibles cantonnements ennemis sont signalés dans la région d'Etalle. Le 4e Corps d'Armée va se poster sur la ligne Etalle-Châtillon. La 8e Division par Virton, Huombois, Etalle. Le 124e est tête du gros de la colonne.
L'avant garde de la Division (130e Régiment) est arrêtée par l'ennemi à environ 800 m de la lisière des bois au Nord de Virton, à hauteur de Bellevue (carte belge au 40.000e). Le brouillard est très intense. L'ennemi occupe des tranchées. 6 h 45 - Le 124e est en position d'attente, le 3e bataillon au Nord, sur la lisière du village, les autres bataillons dans le village. Vers 7 h 45, le 130e qui a subi de grosses pertes se replie.
Le 124e est engagé de la façon suivante : Le 3e Bataillon à cheval sur la route, aux abords N. et N.O. du village de Virton. Le 1er bataillon (Lambert) prononce une contre-attaque par le Nord. Le 2e bataillon (Brunet) prolonge la défense à l'Ouest. Ces 2 bataillons restent longtemps sous le feu de l'artillerie allemande qui arrête la contre-attaque et sous celui des mitrailleuses. À 11 heures devant des forces très supérieures la 15e Brigade se replie par St-Mard sur la cote 280, 1500 m S.O. de St-Mard et sur La Tuilerie (Sud de St-Mard) où elle occupe une ligne de résistance.
État civil (à l'incorporation)
LEBÂCLE Jean Marie
Né le 5 mai 1892
à Bain-de-Bretagne
canton de Bain-de-Bretagne
département d'Ille-et-Vilaine
résidant à Saint-Erblon
canton de Rennes S.O.
département d'Ille-et-Vilaine
profession de cultivateur
fils de Jean Marie Louis Lebâcle
et de Anne Marie Richard
domiciliés à Saint-Erblon
canton de Rennes S.O.
département d'Ille-et-Vilaine
Le mouvement en avant des Allemands est arrêté
1° par l'arrivée d'éléments du 2e Corps d'Armée français qui les prennent en flanc par Couvreux et Villers la Loue
2° par notre artillerie de la cote 280 et de la Tuilerie.
Pour la nuit, le 124e s'établit en cantonnement d'alerte à Harnoncourt avec un encerclement d'avant-postes. 2 compagnies du 125e et une compagnie du 115e forment les avant-postes à l'Est et au Sud d'Harnoncourt dans les bois de Guéville et de la Cote. Ces avant-postes sont placés sous les ordres du Lieutenant Colonel du 124e.
On craint que l'ennemi ne cherche à tourner la 8e Division par l'Est car il a refoulé vers le Sud la 7e Division qui se portait sur Châtillon par Ethe et à la fin du jour l'ennemi occupait Ruettes.
Le combat de Virton a été très meurtrier pour le 124e qui a eu 3 officiers tués, 16 officiers blessés, 1 disparu et hommes de troupe : 9 tués, 259 blessés et 498 disparus…
[Ministère de la Défense - Mémoire des Hommes]